Après un premier essai Dans le nu de la vie, où l'auteur raconte du point de vue des rescapés le génocide rwandais de 1994, Une saison de machettes se penche sur la version des tueurs.
Jean Hatzeld a ainsi rencontré une bande d'amis incarcérés dans une prison locale, et rapporte dans cet essai les entretiens. Très intelligemment, il intercale les récits de chapitres plus "scolaires" orientés à chaque fois sur un thème (le repentir...), afin que le lecteur non initié puisse avoir une meilleure compréhension (historique, etc.).
Comme tout génocide, celui-là a ses racines, mais pourtant aucune raison réelle ne ressort vraiment. Des faits déclencheurs, certes. Une saison de machettes se penche d'ailleurs moins sur les explications politiques ou historiques, que sur la nature humaine de ces tueurs, ce qui en fait un ouvrage d'autant plus passionnant, bien que beaucoup plus dur.
Si j'avais encore quelques espoirs sur la nature humaine, ce livre permet de s'en débarasser. Tellement intense en émotions, cet ouvrage ne peut se lire que quelques chapitres à la fois.
Bons chrétiens pour la plupart, bons voisins, bon pères de famille, ces homme ont brusquement pris leurs machettes un jour pour aller tuer leurs voisins et amis. Ce carnage a duré plusieurs mois. Aucun regret de leur part ne semble émerger quant à cette période si ce n'est pour eux-mêmes (et leur emprisonnement). Aucune résistance ni conscience collective ne semble avoir existées à l'époque parmi les Hutus. Comprendre le génocide rwandais grâce à cette bande d'amis serait réducteur, donc peut-être cela a-t-il existé. Il n'empêche que ces individus sont représentatifs de la nature humaine laissée à son libre arbitre, et que la maxime "l'homme est un loup pour l'homme" ne s'est jamais mieux illustrée.
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