dimanche 19 octobre 2008

Un peu de subtilité ne fait pas de mal...

L'élégance du hérisson, c'est un peu comme The road, on en parle partout et tout le temps en disant que c'est la merveille littéraire de ces dernières années. Certes... Encore une fois mon intuition était bonne, puisque je n'avais pas particulièrement envie de le lire. Cependant, après en avoir parlé avec des anglophones qui n'avaient pas aimé, et ayant donc entrevu enfin une brèche dans cet amas de louanges, je me suis dit que le livre était peut-être donc moins linéaire que ce qu'il en paraissait.

La première partie est à abandonner le livre. L'auteur place ses personnages et pour cela, elle en fait des caricatures qui sont à la limite de la nausée. Outre les bourgeois sur qui elle tape avec joie (mais c'est monnaie courante aujourd'hui, probablement à tort et à raison), sa présentation de la concierge est d'un mépris total. Si la présomption de l'auteur était juste, dans ce cas, il fallait pousser le raisonnement jusqu'au bout et en faire une portugaise. Non mais c'est vrai, les concierges ne sont-elles pas toutes portugaises, et les plombiers polonais?

Pour information, ma chère Muriel, j'ai connu plusieurs concierges, et aucune n'était grosse, laide et inculte. Et de la même façon, tous les bourgeois ne ressemblent pas à votre description.

La deuxième partie est beaucoup plus attachante, mais complètement décrédibilisée par la première. Après avoir choisi un camp, on ne peut plus faire demi-tour. Ce qui veut dire qu'il est parfaitement improbable qu'un homme de classe sociale très supérieure (même immigré, donc de culture différente) tombe amoureux d'une concierge, laide et grosse, même très cultivée. L'amour est aveugle, certes, mais les classes sociales sont une barrière de verre très épaisses.
L'auteur s'en tire par un coup de pirouette, avec une fin inattendue, et c'est probablement ce qu'elle pouvait faire de mieux.

Je ne sais pas quel était le public pour ce roman, mais j'ai peur qu'il ne contribue à renforcer les préjugés stupides: si ce sont les bourgeois, à les confirmer dans leur position (après tout, tant qu'à passer pour un être méprisable et méprisant, autant l'être), si ce sont les classes sociales "inférieures" à confirmer la haine du bourgeois (si haine il y a). Et je serais concierge, j'en voudrais à l'auteur pour dépeindre mes semblables comme ça.

La traduction anglaise vient de sortir, et j'ai bien peut qu'en plus des clichés "french kiss, baguette et béret", on ne doive ajouter "concierge grosse, laide et inculte". Merci Muriel Barbery.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Funny, you made a critique, no less favorable than mine.

Anonyme a dit…

Meant to sign it, but pressed the wrong button!

Nicolas a dit…

Je suis d'accord en ce qui concerne les clichés, mais ce qui m'a le plus agaçé est le style ampoulé de l'auteure, qui donne l'impression d'avoir avalé un dictionnaire. Barbery a du talent, pourtant. Mais bon...