samedi 20 mars 2010

La Rafle


Il est toujours difficile de parler d'un film évoquant (ou en l'occurence montrant) les horreurs de la seconde guerre mondiale, et nombre de films sont souvent synonymes de controverses houleuses. On pense à la Shoah (déjà placé dans un débat différent car documentaire), au Pianiste, à La Liste de Schindler, mais surtout à la Vie est belle.
Tout film sur ce sujet est donc un pari fort ambitieux, car la part de l'imaginaire ne doit pas contrecarrer le dessein de véridicité historique.

La Rafle a pour point central la rafle du Vel d'Hiver qui permit au gouvernement français de livrer plus de 13000 Juifs aux Allemands, un échec relatif puisque l'objectif était de 20000 Juifs. J'ai lu récemment que la France était le pays européen qui avait à la fois le plus collaboré avec les Allemands et à la fois protégé le plus de Juifs. Je suis sceptique sur cette deuxième hypothèse, mais je suppose qu'une telle affirmation n'a pas pu être imprimé dans un journal national sans vérification (édition du mercredi 10 mars du Figaro et Vous).

La réalisatrice Rose Bosch a pris le parti-pris de raconter l'histoire du point de vue d'un enfant. Je ne sais pas si cela est dû à ça, mais les premières scènes semblent quelque peu idylliques. Le manège tourne, le stand de la boulangerie est aussi rempli que cela de ma boulangerie un dimanche matin, et le climat semble finalement assez peu terrifiant.
J'ajouterai également que les scènes avec Hitler sont passablement grotesques et n'apportent rien au film. Je comprends bien l'objectif de montrer l'opposition entre ces deux mondes, mais le processus est un peu caricatural.

Le film ne commence donc vraiment qu'avec la Rafle, et prend alors tout son sens. Porté par des acteurs très justes (Gad Elmaleh, Mélanie Laurent et Jean Reno, qui à l'image de Depardieu hésite entre nanards et bons films), on oscille entre émotions (même pour mon coeur sec) et faits historiques. Je ne donnerai pas 3 étoiles comme l'a fait le Figaro (mais c'est probablement pour ça -entre autres- que je ne suis pas critique de cinéma), mais un 2 étoiles. Et un film sur ces épisodes marquants, pour peu qu'il soit basé sur des faits historiques, est toujours indispensable, car les générations antérieures doivent avoir (à mon sens) un devoir de mémoire.

2 commentaires:

beniouioui a dit…

pas vu. Ou plutôt j'ai oublié de le voir.

Le Figaro ne ment pas, la France (avec l'Italie) a effectivement le taux d'extermination le plus faible d'Europe. Environ 20% de victimes juives en France et en Italie contre plus de 80% aux Pays-Bas ou en Grèce et plus de 70% en Allemagne et dans les pays de l'Est.
Un bémol, il s'agit évidemment de l'Europe occupée (donc hors Grande-Bretagne).

Cela ne remet pas en cause l'horreur du choix idéologique de la collaboration. C'est bien que des oeuvres retracent avec talent cette période sombre de l'histoire de l'humanité.
Il y a un très joli bouquin-BD sur la Shoah : Maus d'Art Spiegelman.

Pink Princess and Red Addict a dit…

merci pour toutes ces précisions! je vais de ce pas regarder le livre cité.