mardi 13 avril 2010

Jan Karski


En France, la réputation fait du Polonais soit un plombier, soit un antisémite. Cela n'est d'ailleurs pas incompatible. Comme pour tout mythe, personne ne se donne la peine d'argumenter, et le témoignage de Jan Karski tombait à point nommé pour donner de la Pologne une autre vision.

Remis sur le devant de la scène par un roman à polémique de Yannick Haenel, l'auteur eut pour mission pendant la seconde guerre mondiale d'avertir les gouvernements alliés de l'état de la Pologne, et notamment du sort réservé aux Juifs. Certains hommes ont une destinée extraordinaire, ce qui ne veut pas dire que cela soit enviable, et Karski a été torturé par la Gestapo, a pu s'introduire dans un camp de concentration et dans le Ghetto de Varsovie, et a surtout pu s'échapper des trois. Cela fait de son expérience un témoignage plus qu'extraordinaire, et pour couronner le tout, il a obtenu une rencontre avec Roosevelt, entrevue dont le récit dans Shoah provoquera d'ailleurs des reproches envers le réalisateur Claude Lanzmann.

Ecrit et publié en 1944, Mon témoignage devant le monde est à la fois fascinant et horrifiant. On y trouve le meilleur comme le pire, et la description du Ghetto de Varsovie, et surtout du camp de concentration est à la limite du soutenable. A éviter en bateau, en avion, et partout où on a déjà le coeur au bord des lèvres.

Ce livre qui se lit d'une traite, permet également de découvrir une Pologne dont l"histoire est assez peu connu. Partagé pour la première fois en 1772, le pays a depuis subi guerres et partage de façon ininterrompue, ce qui semble avoir provoqué chez les Polonais un fort sentiment patriotique. Etant particulièrement réticente à tout ce qui touche à la politique et à l'économie, Karski a réussi à me rendre intéressante (et touchante) l'histoire de son pays.

On ressort de ce récit ému, bouleversé et lessivé par tant malheurs, le plus grand étant peut-être que les Polonais pensaient que leur pays serait sauvé lorsque les Alliés réussiraient à vaincre l'Allemagne. Staline avait été quelque peu sous-estimé dans l'équation.

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